La voie au socialisme


Qu’est-ce qui s’oppose à l’avènement du socialisme ? Il y a bien sûr la force de l’Etat. Mais il y a aussi, surtout, le manque de connaissance sur la véritable nature du socialisme et même du capitalisme de la part de la majorité de la classe travailleuse. Il faut dissiper cette ignorance dans laquelle le capitalisme maintient la classe travailleuse, et pour ce faire il faut comprendre la cause de problèmes sociaux d’aujourd’hui et comment y porter remède.

Il est nécessaire de dire, et redire, que le système économique de production pour le profit est le capitalisme ; que ce système ne se conçoit pas sans l’exploitation de l’homme par l’homme, sans la concurrence entre individus et groupes, sans le vol du travail humain par les riches parasites. Il faut aussi admettre que le capitalisme continuera à régner sur la planète aussi longtemps qu’une majorité ne l’aura pas remplacé par un système économique d’un stade plus avancé dans l’échelle de l’évolution sociale.

Ce système de société que Marx et Engels ont appelé alternativement “socialisme” et “communisme” ne peut être imposé par un groupement minoritaire, élite ou avant-garde. Il est nécessaire et indispensable qu’il soit d’abord voulu par une majorité du prolétariat du monde entier et donc universellement compris. Ce système dans lequel la production sera basée sur la satisfaction des besoins de la société tout entière, s’il est effectivement bénéfique pour la classe travailleuse sera voulu par lui dès qu’il sera compris.

Il est absolument faux et contraire aux intérêts de la classe travailleuse de croire qu’il est nécessaire qu’une minorité pensante dirige la classe. C’est exactement ce que nous avons présentement au Canada, en France, en Algérie et au Congo. C’est aussi ce que nous avons actuellement aux Etats-Unis, en Russie, en Chine, à Cuba, en Suède . . . La minorité qui dirige actuellement, la classe capitaliste, a été elle aussi à un moment donné l’alliée du peuple. Elle a ensuite pris avantage de ce qu’elle était “l’élite”, “l’avant-garde”, pour imposer au peuple son autorité. Les révolutions par l’élite conduisent inéluctablement au gouvernement par l’élite.

Le passage du capitalisme privé au capitalisme d’Etat ne constitue pas, non plus, une libération de la classe travailleuse. Ceux qui produisent continuent à ne pas posséder les moyens de production et de distribution. La propriété change de main et les exploités demeurent exploités. Mettre fin à la propriété privée, c’est en finir avec l’existence même de l’Etat qu’il soit capitaliste ou prétendement socialiste. C’est organiser la société pour pourvoir à la satisfaction des besoins du genre humain. C’est instaurer le socialisme.

Pour que l’exploitation et la nécessité soient abolies, il faut qu’une majorité veuille la fin du capitalisme travesti ou déclaré. Nous saurons exprimer notre ras-le-bol du pillage légitime et légal. Nous voterons contre tous les exploiteurs, contre tous les gérants de la société capitaliste et pour l’avènement du socialisme universel.

Nous ne nous contenterons pas de réformes apparentes ; nous mettrons en oeuvre la révolution sociale qui consiste à abolir sur la planète la possibilité capitaliste. Toute personne, tout membre de l’espèce humaine, pourra user librement de l’abondance des biens et des services de l’humanité et participer librement et volontairement à la production sociale de ces biens ou services et à leur répartition en fonction des besoins.

On a dit qu’il n’était pas possible d’accéder au socialisme par la voie électorale et démocratique. C’est pourquoi il faut attirer l’attention sur ceci : les bulletins de vote des travailleurs ont apporté au pouvoir des politiciens qu’ils croyaient être des médecins de leurs maux, mais pas des socialistes. Tant qu’on n’a pas tenté de faire élire au parlement une majorité socialiste, on ne peut affirmer que la voie au socialisme ne puisse passer par des élections en système démocratique.

On peut envisager que la classe exploiteuse essayera de tout mettre en oeuvre, y compris la violence, pour résister à la classe travailleuse organisée, comme avant la bourgeoisie toute classe qui subit une entreprise révolutionnaire. Mais la bourgeoisie a pris le pouvoir des mains de la noblesse et du clergé parce qu’elle savait vouloir le pouvoir qu’elle était prête à assumer et dont elle savait avoir besoin . . . tandis que, aujourd'hui, la classe travailleuse ne sait même pas qu’elle a besoin du pouvoir mais sait qu’elle n’est pas prête à l’assumer.

Il fat donc que la classe travailleuse sache ce que veut dire ‘socialisme’ pour qu’elle puisse vouloir le socialisme. Or c’est un mot qui a été galvaudé et sous lequel on met tout (et rien) sauf sa signification, à savoir, une société basée sur la propriété commune et la gestion démocratique produisant pour la seule satisfaction des besoins humains et non pour le profit.

Le socialisme n’est pas possible sans:

– la volonté populaire, basée sur la connaissance socialiste ;

– le démantèlement de l’Etat et l’extinction des classes ;

– la fin des polices et autres rouages de la répression ;

– la participation populaire à tous les échelons, et pour élaborer et pour continuer le socialisme.

Il faut que la classe travailleuse veuille le socialisme pour qu’elle vote pour le socialisme. Alors, les travailleurs feront la Révolution et institueront le socialisme. Et la bourgeoisie n’aura pas d’autre choix que de s’incliner. En effet si la population était majoritairement instruite de ce que va lui apporter le socialisme, il reste à savoir et à montrer d’où vient la violence. La bourgeoisie, trouvera-t-elle des agents pour sa répression? Les soldats et les flics ne sont pas issus des classes possédantes, mais bien de la classe travailleuse ; ils sont fils de travailleurs et non fils d’actionnaires, ils ne perçoivent pas des dividendes mais des salaires.

Car enfin les problèmes sociaux et économiques dans lesquels nous nous débattons ne sont pas sans solution. Ils demandent seulement de nouveaux rapports entre les hommes. Le choix se situe entre deux positions :

1) Tu vas travailler pour moi et je te donnerai de quoi vivre.

2) Nous allons travailleur ensemble et partager ce que nous produirons.

Dans le premier cas, le capitalisme, les crises sont fatales puisque le profit s’intercale toujours entre la production et le besoin. Quant au travail, on le supprime, tout simplement dès qu’il n’est plus rentable.

Dans le second cas, la production étant orientée vers la seule satisfaction des besoins, l’équilibre s’établit fatalement entre les deux. Bien sûr dans la pratique les problèmes ne manquent pas, mais le principe admis il n’y a plus de blocage. Il ne peut plus y en avoir si le système est mondialisé, si l’on supprime les multinationales, les émirs, les cie d’assurance, les armées, les innombrables divisions nées et entretenues pour défendre les intérêts des Etats capitalistes.

Et qui est qui empêche ce système-là de s’établir et de fonctionner ? Qui fait fonctionner l’économie du monde ? Des salariés, à tous les niveaux, les manoeuvres, mais aussi les ingénieurs, les cadres : capital mis à part, le rôle des patrons est devenu bien peu des choses, rien de ce qu’ils font qui ne puisse être réalisé par les actuels salariés. Alors si ces derniers s’unissaient, prenaient le pouvoir, administration comprise, qui empêcherait que ça marche ?