Les élections 1976 au Québec:
la position des socialistes marxistes


Une autre campagne électorale a été déclenchée et une fois de plus les politiciens, ceux de gauche et ceux de droite, tout comme ceux d’extrême-gauche vont assommer la classe ouvrière à coup de promesses aussi irréalistes qu’intenables quand elles ne sont pas tout simplement fantaisistes. La propagande capitaliste bat son plein.

Le Parti Libéral, actuellement au pouvoir, demande “un mandat clair” pour continuer sa politique de “souveraineté culturelle” et de “social-démocratie”. Le Parti Québécois, actuellement l’opposition officielle au parlement, en plus de préconiser l’indépendance du Québec allègue que “ça ne peut continuer comme ça”, qu’il nous faut une meilleure administration et une “véritable social-démocratie”. Le Ralliement Créditiste, le Parti National Populaire, l’Union Nationale et l’Alliance Démocratique pour leur part nous parlent de “réformes économiques”, d’“ordre et d’honnêteté”, de “décentralisation” et de “programme anti-bureaucratique plus près des préoccupations immédiates des gens”. Quant à l’extrême-gauche, des maoistes aux trotskistes en passant par le Parti des Travailleurs du Québec, alors là nous sommes en pleine euphorie : on réclame la “libération nationale”, un “front commun contre les monopoles”, une “éducation au service des travailleurs”, la “création d’un Etat basé sur l’organisation nationale des conseils et des milices ouvrières” . . . Et ce ne sont que quelques perles du collier. Bref, aucun de ces partis ne désire, ni ne souhaite s’attaquer à la cause des problèmes auxquels fait face la société actuellement, tous ces partis ne veulent que tenter de corriger, d’atténuer ou de camoufler certains effets du système social actuel, le capitalisme.

La politique a souvent été décrite, non sans raison, comme quelque chose de sale aussi il n’est pas surprenant de voir quelqu’un observant les conflits entre les candidats ressentir un certain dégoût, sinon un dégoût certain. La succession de gouvernements libéraux, unionistes et conservateurs qu’a connus le Québec prouve que les gueules les plus fortes sont toujours celles de la confusion et de la déception. Et l’établissement d’une “social-démocratie” à la scandinave ou d’une “dictature du prolétariat” à la russe n’y changerait rien.

Mais la politique ne doit pas être condamnée parce qu’elle est associée à tant de pourriture. Il n’est que normal que la pourriture du système capitaliste transpire sur la politique. Le capitalisme est un système social divisé en classes. Ces classes existent même si leur existence est ignorée ou niée. D’un côté, il y a une classe de capitalistes qui n’accomplissent aucun travail utile pour la société mais qui détiennent une position de domination, de privilège et d’abondance parce qu’ils possèdent les moyens et instruments de production. D’un autre côté, il y a une classe d’ouvriers qui produisent les richesses de ce monde, mais qui en dépit de leur productivité toujours croissante sont restreints au strict minimum nécessaire pour leur permettre de produire et de se reproduire.

La nature de la division de classe sous le capitalisme engendre un conflit entre ces classes. Que de fois avons-nous entendu parler de “relations fraternelles entre le capital et le travail”, de leur identité d’intérêt ? Mais, quand cela a-t-il pu être démontré ? Serait-ce lorsque les ouvriers du début du siècle commencèrent à s’organiser en syndicats ? Serait-ce sous le gouvernement unioniste de Duplessis lors de la grève de l’amiante ? Ou encore lors des nombreuses grèves de l’an dernier et cette année ? Ou peut-être serait-ce lors des deux guerres mondiales ?

La lutte de classe dans le monde moderne a une existence réelle. C’est une lutte pour la division de la production de la classe ouvrière. Les capitalistes n’admettront jamais que cela puisse être véridique parce qu’une telle admission pourrait s’avérer leur être fatale. Il est dans l’intérêt de la classe capitaliste de mal informer et de semer la confusion sur les relations réelles qui existent entre les capitalistes et les travailleurs et comme elle détient le contrôle des agences d’information et d’éducation elle réussi à remplir la tête des ouvriers de toutes sortes d’idées erronées de manière à préserver leur désir de demeurer en esclavage, même s’ils se voient forcés de lutter contre les conséquences inévitables de ce même esclavage.

L’ignorance sociale des ouvriers rend possible les performances des Bourassa, Lévesque, Samson, Choquette, Biron et associés en périodes électorales et d’être quand même pris au sérieux. Ces gens n’ont rien à offrir que le capitalisme et le capitalisme n’ont rien à offrir excepté une continuation de l’existence de privation et de misère qui est actuellement le lot de l’immense majorité. Les partis qui ont jusqu’à présent administré le capitalisme ne sont pas responsables de la pauvreté, de l’inflation et des dépressions, des guerres et des autres maux qui assaillent l’humanité, pas plus que les autres partis qui voudraient administrer le capitalisme ne pourraient prévenir ou corriger ces maux. Ils sont le produit du système lui-même, et ils ne peuvent disparaître que lorsque le système même aura été aboli.

Le PARTI SOCIALISTE DU CANADA, l’organisation des socialistes marxistes au Canada, propose comme seule alternative au capitalisme l’établissement d’un système de société basé sur la propriété collective et le contrôle démocratique des moyens et d’instruments de production et de distribution par et dans l’intérêt de la communauté entière. Cette proposition n’est pas aussi compliquée qu’elle semble l’être. Puisque les afflictions majeures auxquelles fait face la société moderne proviennent de la propriété capitaliste des moyens et instruments de production, le PARTI SOCIALISTE DU CANADA propose que ces moyens de subsistance deviennent la propriété commune de la société et qu’ils soient opérés dans l’unique but de satisfaire les besoins et désirs de ses membres. Cela ne veut pas dire que ces moyens et instruments deviendront la propriété d’un gouvernement ou d’un Etat. Une telle proposition laisserait inchangée la position d’exploités et d’assujettis des ouvriers. La propriété commune signifie la fin du capitalisme sous toutes es formes et l’établissement du socialisme, un système social dans lequel il n’y aura ni exploité, ni exploiteurs ni dominateur, ni dominé – ni capitaliste, ni ouvrier.

Le PARTI SOCIALISTE DU CANADA étant actuellement dans l’impossibilité de présenter des candidats dans cette élection demande à ceux qui sont en accord avec sa déclaration de principes d’indiquer leur soutien au socialisme en inscrivant “SOCIALISME MONDIAL” sur leur bulletin de vote. Et à ceux qui désirent travailler à l’instauration d’un tel système social, le PSC leur demande de joindre ses rangs pour hâter la chose.