Une simple proposition concernant les élections fédérales de 1974


La “société juste”, la “démocratie de participation”, les enquêtes sur la pauvreté et le chômage, le gel des prix et des salaires, les hausses ou les baisses de taxes, d’impôts, de salaires, des taux d’intérêt, les disparités régionales, les nationalisations, la mainmise américaine sur les industries . . . et bien entendu, l’aide aux défavorisés. Voilà une brève sélection des slogans vide de sens qui ont été et qui sont avancés dans la présente campagne électorale. Il n’est donc point étonnant de constater que plusieurs personnes considèrent les prétentions des formations politiques majeures comme totalement divorcées des intérêts de la majorité – considérations qu’une bonne partie traduira en abstention.

Depuis la confédération, les libéraux et les conservateurs se sont partagés le pouvoir sans jamais régler aucun des problèmes sociaux qui accablent la majorité de la population qui ne possèdent aucun moyen de production et qui doivent vendre son pouvoir de travail à des employeurs privés ou étatiques. Les deux dernières années ont vu les politiques libérales, “améliorées ou rapiérées” par les sociaux-démocrates du Nouveau Parti Démocratique qui détenait la balance du pouvoir, laisser intacts les problèmes sociaux. Ce n’est pas seulement le fait que le gouvernement libéral était minoritaire qui a causé les présentes élections. Les graves problèmes sociaux, demeurés intouchés par les libéraux et leurs alliers néo-démocrates et l’opposition conservatrice et créditiste, étaient aussi évidents qu’auparavant. Des milliers de jeunes gens de la “nouvelle” gauche, incluant les disciples de Brejnev et de Mao souscrivent comme de vulgaires caméléons aux idées de base des partis majeurs. Décorées par une phraséologie révolutionnaire, leurs croyances laissaient inchangées les relations sociales entre la classe des parasites, les capitalistes, et la classe productive, la classe ouvrière.

Si jongler avec les effets pouvait possiblement être efficace, il y aurait longtemps que les problèmes sociaux seraient réglés. Malheureusement, ce n’est pas le cas, seul un changement de base – c’est-à-dire, la conversion en propriété commune et le contrôle démocratique des moyens et instruments de production et de distribution par et dans l’intérêt de l’humanité tout entière, sans considération de sexe, de nationalité ou de couleur – va dans l’intérêt de la majorité aujourd’hui, c’est-à-dire la classe ouvrière. Pas de contrôle des prix et d’achats, mais la production selon les besoins ; pas de réévaluation ou de dévaluation de la monnaie, mais la distribution libre selon les besoins ; pas d’augmentations de salaire, mais l’abolition du salariat en faveur du travail volontaire selon la capacité et la responsabilité sociale. Une société coopérative motivée par le peuple consciencieux de ses propres intérêts.

Utopique ? Seulement pour quelqu’un qui ignore la nature sociale des humains et de leurs capacités et désirs à coopérer pour un monde meilleur, s’ils savent comment. Seulement pour quelqu’un qui ignore que le cercle salaires-prix-profits est économiquement un système mondial dans lequel est inclus non seulement le Canada, mais aussi la Russie et la Chine, l’Europe et les USA, le Cuba et le Vietnam, etc., un système qui n’est plus un outil pour l’avancement de l’humanité. Les forces économiques du capitalisme international sont la cause des problèmes auxquels ne peuvent faire face les gouvernements nationaux isolés qui sont responsables du semi-chaos, chacun utilisant les forces de répression de l’Etat pour protéger les privilégiés et la guerre contre les Etats capitalistes rivaux. Un système dont la priorité est les profits, l’humain ensuite, si cela ne nuit pas aux profits. Il n’existe aucune manière de réformer le capitalisme pour que les profits viennent en seconde priorité, après l’humain. Tout ce qui est humain est étranger au capitalisme.

Les présentes ressources technologiques et matérielles rendent possible la réalisation des désirs du peuple, à condition que ces ressources soient canalisées à cet effet. L’innocence politique des masses exploitées est l’obstacle. La dimension de l’ouvrage demande une action coordonnée globalement, par des humains démocratiques et consciencieux ayant un intérêt commun. Cela, naturellement, doit être précédé par un processus d’éducation politique, suivi par une action politique dans les parlements et autres institutions similaires de la terre.

Le concept du socialisme authentique, vivant dans une minorité de la classe ouvrière grâce à l’agitation du Parti Socialiste du Canada et de nos camarades des USA, de Grande-Bretagne, d’Irlande, d’Autriche, de Belgique, de France, de Suède, de Jamaïque, d’Australie et de Nouvelle-Zélande, a été relégué aux oubliettes par les médias ouvertement capitalistes et tout autant par les gauchistes. La belle vie sous le capitalisme a meilleure apparence sur le papier que dans l’expérience. Mais de plus en plus de travailleurs en prennent conscience. Ils peuvent en apprendre plus en consultant et en étudiant la documentation et la presse du Parti Socialiste du Canada qui présente la seule alternative : LA REVOLUTION SOCIALE, la seule chose pour laquelle il vaut la peine de voter.

Etant donné le support très limité actuellement donné au Parti Socialiste du Canada par la classe ouvrière, la présente campagne ne comporte aucune candidature socialiste. Par conséquent, malheureusement, il n’y a pas d’alternative à la présente société sur le bulletin de vote. Mais ceux qui savent voir clair dans l’écran de fumée de la présente société peuvent démontrer leur opposition en inscrivant ‘PARTI SOCIALISTE DU CANADA’ ou ‘SOCIALISME MONDIAL’ sur leur bulletin de vote. Préparons-nous pour demain . . . placez votre support à la seule place qui compte réellement.

Le Comité exécutif général du PARTI SOCIALISTE DU CANADA.

Le 26 juin 1974.